Au début du XVIII° siècle, la poésie se tourne vers une esthétique résolument plus moderne qui annonce les exigences du mouvement du classicisme. Mais ce nouveau passe tout d’abord par des doctrines poétiques variées qui coexistent. Ainsi, le baroque met en évidence les tendances de l’esprit humain au travers de l’exubérance des formes et le rejet des contraintes. L’inconstance en amour est un thème récurent et le baroque se veut ainsi précurseur de phénomènes sociaux tels que la préciosité et le libertinage.
1°) L’amour précieux
La préciosité est au départ, un phénomène social mais est peu à peu au XVII° siècle, devenu un courant littéraire. Ce qui le caractérise est la recherche de la distinction dans un idéal de comportement et de galanterie (ce qui est un héritage de la courtoisie médiévale) et le raffinement des mœurs, surtout en amour. La préciosité est parfois excessive mais elle est surtout présente dans les salons. Ces derniers étant tenus la plupart du temps par des femmes. Il s’avère, en effet, que la Renaissance accorde une place nouvelle à la femme dans la société et ceci se traduit en littérature par la voix des femmes qui commence à se faire entendre, même s’il n’est pas encore questions de lutte des sexes. On peut ainsi parler de la littérature féminine qui, sans être féministe, révise l’amour, le mariage et la lace sociale de la femme. Leurs travaux ont contribué à libérer les contemporains et de nombreux préjugés. La soumission de la femme se voit alors contestée et on commence même à aborder des thèmes tels que les unions libres ou le divorce.
L’éthique amoureuse précieuse est, elle aussi, platonique et rejète le corps et le désir charnel.
L’œuvre qui illustre le mieux l’idéologie précieuse est l’Astrée, un roman de cinq mille pages
divisé en cinq parties. Il illustra parfaitement la sensibilité de l’époque tout autant qu’il la modela. Emprunté à la tradition de la courtoisie, il oppose les conventions au désir d’un couple de jeune qui s’aiment. L’amour est présenté comme la seule valeur durable bien que la fidélité soit confrontée à de nombreuses ruses et autres artifices. Cependant, la constance en amour devient quelque peu ridicule et conduit à des comportements absurdes. L’Astrée, avec entre autres les douze tables de l’Amour (annexe 7) fait rêver d’innocence, de communion avec la Nature valorise l’amour et la douce amitié. Il exerça une réelle influence sur la manière de vivre dans la société aristocratique et à fait de l’amour le principal sujet de la tradition romanesque. C’est, en fait, une philosophie de l’amour de la Renaissance.
2°) L’amour : entre libertinage et poésie
A cette période, avec le mouvement baroque, l’amour reçoit une teinte particulière. On insiste alors sur les ravages et les variations du sentiment : c’est l’inconstance. L’amour facile, durable, cède la place à l’amour fou et exalté. On retrouve dans ce mouvement la figure de la femme idéalisée, adorée… mais la poésie baroque accorde beaucoup d’importance à la versatilité et à la fugacité de l’amour. Un désir d’intimité est bien souvent revendiqué et l’évocation des beautés naturelles également. La nature, le plaisir sexuel, la sensualité…tout cela est alors considéré comme libertin. Ainsi, Tristan, l’Hermite dans son poème l’Extase du baiser (annexe 7), aborde le thème du désir, du plaisir des sens, de l’amour physique (bien qu’il soit, là encore, le résultat de profonds sentiments amoureux et élève l’âme. Mais on retrouve aussi, avec la peinture de la nature (fleurs, serpent, rose et autres symboles), le thème de la mort et une tonalité mélancolique certaines qui annoncent déjà les caractéristiques du romantisme.
Enfin, nous avons choisit en annexe une fable de la Fontaine intitulée l’Amour et la Folie et écrite justement en écho à un texte de Louise Labé, un des plus célèbre écrivain féminin du début de la Renaissance (le débat de Folie et d’Amour).
Dans cette fable, l’allégorie de l’Amour est de source
antique. C’est en effet le Dieu Eros qui est, ici, opposé à l’allégorie de la
Folie. La forte présence des Dieux n’est pas anodine puisque nous avons écrit
précédemment que l’idéologie platonienne, et donc précieuse, étaient proches
des théories religieuses. Le fait que la Folie soit le guide de l’Amour
illustre parfaitement le fait que l’amour et les sentiments n’ont rien à voir
avec la raison ( ce principe sera repris par les romantiques).