EXTRAIT DE COMPARAISON

 

 

 

 

Extrait 2

 

Euclion est un vieil avare qui ne pense qu’à conserver son argent et à le protéger des autres. Il soupçonne tout le monde et vérifie sans cesse si personne ne le lui a pas volé. Mais un jour, un esclave, nommé Strobile, échappe à sa vigilance et lui dérobe son trésor. Lorsque Euclion s’en aperçoit, il est totalement désorienté et devient plus paranoïaque que jamais.

 

 

TEXTE LATIN

 

EVCLIO

Perii interii occidi. quo curram? quo non curram? tene, tene. quem? quis?
nescio, nil video, caecus eo atque equidem quo eam aut ubi sim aut qui sim
nequeo cum animo certum investigare. obsecro vos ego, mi auxilio,
oro obtestor, sitis et hominem demonstretis, quis eam abstulerit.
quid est? quid ridetis? novi omnes, scio fures esse hic complures,
qui vestitu et creta occultant sese atque sedent quasi sint frugi.
quid ais tu? tibi credere certum est, nam esse bonum ex voltu cognosco.
hem, nemo habet horum? occidisti. dic igitur, quis habet? nescis?
heu me miserum, misere perii,
male perditus, pessime ornatus eo:
tantum gemiti et mali maestitiaeque
hic dies mi optulit, famem et pauperiem.
perditissimus ego sum omnium in terra;
nam quid mi opust vita, qui tantum auri
perdidi, quod concustodivi
sedulo? egomet me defraudavi
animumque meum geniumque meum;
nunc eo alii laetificantur
meo malo et damno. pati nequeo.

 

 

TRADUCTION

 

EUCLION

Je suis mort ! on m’assassine ! au meurtre ! Où aller à présent ? où ne pas aller ? Arrêtez ! arrêtez ! au voleur ! Qui ? Je ne sais , je ne vois rien ; je marche en aveugle ; je perds la raison, et, certes, je ne saurais dire où je vais, ni où je suis, ni qui je suis. Au secours ! découvrez-moi ! je vous en prie, je vous en conjure, découvrez-moi celui qui me l’a dérobé. Ils cachent leur infamie sous des habits simples et sous la blancheur de la craie, et se placent comme s’ils étaient des gens de probité. Qu’en dis-tu toi ? Je peux me fier à toi. A ta mine tu m’as l’air d’un homme de bien. Comment, vous riez ? Je vous connais tous et je n’ignore pas qu’il se trouve ici plus d’un fripon. Quoi, personne d’entre vous ne l’a pris ? Tu me fais mourir ! Dis donc qui l’a pris ? Ne le sais-tu point ? Ah, je suis ruiné !Malheureux, malheureux que je suis ! Me voilà perdu sans ressource ! Suis-je assez à plaindre ? Fatale journée, que tu me causes de tristesse, de deuil et de maux ; me voilà réduit à mourir de faim ! Il n’est point sur la terre d’homme plus misérable que moi ! Puisque je n’ai plus mon précieux trésor, que m’importe la vie ? Soins inutiles que je me suis donnés pour le conserver ! Je me suis trompé moi-même ! J’ai frustré mon attente et mon génie ! A présent que j’ai tout perdu, d’autres se réjouissent à mes dépens ! Je ne puis supporter cette idée.

 

 

 

Aulularia, PLAUTE. Acte IV, scène 10. GF Flammarion. Mars 1991. p211 et 212.