Esope : Du sanglier et de l’âne

Un Âne ayant rencontré par hasard un Sanglier, se mit à se moquer de lui et à l'insulter ; mais le Sanglier frémissant de courroux et grinçant les dents, eut d'abord envie de le déchirer et de le mettre en pièces. Ensuite faisant aussitôt réflexion qu'un misérable Âne n'était pas digne de sa colère et de sa vengeance : " Malheureux, lui dit-il, je te punirais sévèrement de ton audace, si tu en valais la peine ; mais tu n'es pas digne de ma vengeance. Ta lâcheté te met à couvert de mes coups, et te sauve la vie. " Après lui avoir fait ces reproches, il le laissa aller.



























     Phèdre : l’âne se moquant du sanglier

Une aigle avait fait son nid au sommet d'un chêne; une chatte sauvage, ayant trouvé un creux au milieu de l'arbre, y avait fait ses petits; une laie habituée à vivre dans les forêts avait déposé sa portée près du pied. Mais cette intimité formée par le hasard fut détruite par la mauvaise foi et la méchanceté funeste de la chatte. Elle grimpe jusqu'au nid de l'aigle et lui dit : « On prépare ta perte et peut-être, hélas ! aussi la mienne. Car, si tu vois chaque jour cette laie perfide creuser le sol, c'est qu'elle veut abattre le chêne pour pouvoir à terre se jeter facilement sur nos progénitures. Après avoir semé la terreur et le trouble dans le cœur de l'aigle, elle descend en rampant à la bauge de la laie couverte de soies. "Tes petits, lui dit-elle, sont en grand danger. Car, aussitôt que tu sortiras pour chercher pâture avec ton jeune troupeau, l'aigle, déjà prête à l'attaque, t'enlèvera tes marcassins". Quand elle a répandu l'effroi aussi dans ce lieu, la fourbe va se cacher dans son trou où elle est en sûreté. Elle en sort la nuit pour aller çà et là d'un pas qui ne touche presque pas le sol et, quand elle s'est bien nourrie et qu'elle a bien nourri ses petits, elle affecte d'avoir peur et a l’œil au guet tout le jour. L'aigle, craignant la chute de l'arbre, ne le quitte pas. La laie, pour se garder contre le rapt de ses petits, ne sort plus de chez elle. Bref, aigle et laie moururent de faim avec leurs petits et fournirent à la chatte et aux petits chats un repas abondant.
Que de mal fait souvent un homme au langage perfide !
Cette fable peut l'apprendre aux gens sottement crédules.

 

    Phèdre : L’aigle, la laie et la chatte sauvage :

Une aigle avait fait son nid au sommet d'un chêne; une chatte sauvage, ayant trouvé un creux au milieu de l'arbre, y avait fait ses petits; une laie habituée à vivre dans les forêts avait déposé sa portée près du pied. Mais cette intimité formée par le hasard fut détruite par la mauvaise foi et la méchanceté funeste de la chatte. Elle grimpe jusqu'au nid de l'aigle et lui dit : « On prépare ta perte et peut-être, hélas ! aussi la mienne. Car, si tu vois chaque jour cette laie perfide creuser le sol, c'est qu'elle veut abattre le chêne pour pouvoir à terre se jeter facilement sur nos progénitures. Après avoir semé la terreur et le trouble dans le coeur de l'aigle, elle descend en rampant à la bauge de la laie couverte de soies. "Tes petits, lui dit-elle, sont en grand danger. Car, aussitôt que tu sortiras pour chercher pâture avec ton jeune troupeau, l'aigle, déjà prête à l'attaque, t'enlèvera tes marcassins". Quand elle a répandu l'effroi aussi dans ce lieu, la fourbe va se cacher dans son trou où elle est en sûreté. Elle en sort la nuit pour aller çà et là d'un pas qui ne touche presque pas le sol et, quand elle s'est bien nourrie et qu'elle a bien nourri ses petits, elle affecte d'avoir peur et a l'oeil au guet tout le jour. L'aigle, craignant la chute de l'arbre, ne le quitte pas. La laie, pour se garder contre le rapt de ses petits, ne sort plus de chez elle. Bref, aigle et laie moururent de faim avec leurs petits et fournirent à la chatte et aux petits chats un repas abondant.
Que de mal fait souvent un homme au langage perfide !
Cette fable peut l'apprendre aux gens sottement crédules.

 

     La Fontaine : L’aigle la laie et la chatte

L'Aigle avait ses petits au haut d'un arbre creux,
        La laie au pied, la chatte entre les deux, 
Et sans s’incommoder, moyennant ce partage,
Mères et nourrissons faisaient leur tripotage
La chatte détruisit par sa fourbe l’accord ;
Elle grimpa chez l'aigle et lui dit:" Notre mort
(Au moins de nos enfants, car c'est tout un aux mères) 
            Ne tardera possible guères. 
Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment
Cette maudite laie, et creuser une mine?
C'est pour déraciner le chêne assurément, 
Et de nos nourrissons attirer la ruine:
        L'arbre tombant, ils seront dévorés; 
            Qu'ils s'en tiennent pour assurés. 
S'il m'en restait un seul, j'adoucirais ma plainte."
Au partir de ce lieu, qu'elle remplit de crainte,
La perfide descend tout droit 
                        A l'endroit
            Où la laie était engésine.
            " Ma bonne amie et ma voisine, 
Lui dit-elle tout bas, je vous donne un avis: 
L'aigle, si vous sortez, fondra sur vos petits. 
            Obligez-moi de n'en rien dire; 
            Son courroux tomberait sur moi." 
Dans cette autre famille ayant semé l'effroi,
            La chatte en son trou se retire. 
L'aigle n'ose sortir, ni pourvoir aux besoins 
            De ses petits; la laie encore moins:
Sottes de ne pas voir que le plus grand des soins 
Ce doit être celui d'éviter la famine. 
A demeurer chez soi l'une et l'autre s'obstine,
Pour secourir les siens de dans l'occasion:
            L'oiseau royal, en cas de mine;
            La laie en cas d'irruption.
La faim détruisit tout, il ne resta personne
De la gent marcassine et de la gent aiglonne 
            Qui n'allât de vie à trépas: 
            Grand renfort pour messieurs les chats.

Que ne sait point ourdir une langue traîtresse 
            Par sa pernicieuse adresse?
                Des malheurs qui sont sortis 
                De la boîte de Pandore, 
Celui qu'à meilleur droit tout l'univers abhorre,
                C'est la fourbe, à mon avis
.

 

 



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