COMPARAISON ENTRE DU RENARD ET DE LA CIGOGNE D’ESOPE

ET LE RENARD ET LA CIGOGNE DE PHEDRE

 

Les différences et les ressemblances entre les deux textes :

-         au point de vue des titres :

Les titres des deux fables sont très proches ce qui est normal vu qu’ils traitent du même sujet. Mais il semblerait que PHEDRE se démarquer de son prédécesseur en modifiant simplement les articles de son titre. ESOPE a choisi de commencer son titre par « du » car en latin « De + Abl. = au sujet de » est très employé pour montrer le propos du texte dès le début (cette façon d’écrire le titre a même été gardé jusqu’au 18e siècle)

-         au point de vue de l’écriture :

ESOPE utilise un langage assez soutenu pour le texte de sa fable qui est plutôt courte (comme toutes ses fables). Tous les verbes sont au passé (passé composé et imparfait). Les phrases sont déclaratives et pour la plupart elle sont composées d’une proposition principale et d’une subordonnée relative.

On remarque qu’il n’essaie pas de qualifier les personnages : répétition de la cigogne et du renard. Peut-être veut-il insister sur ces deux individus.

L’écriture de PHEDRE a les mêmes caractéristiques que celle d’ESOPE. Sa fable reprend a peu près les mêmes termes en les modifiant à sa guise. Son texte ressemble à une réécriture ou à une traduction d’ESOPE.

-         au point de vue du vocabulaire :

On ne peut pas dire qu’il ait un vocabulaire particulier mais on remarque que les deux fables ont un parti pris logiquement pour la cigogne qui est la victime d’un tour du renard.

-         au point de vue des caractéristiques des personnages :

Chez ESOPE, le renard est qualifié comme « plein de finesse » lorsqu’il tend son piège à la cigogne. Il lui joue un mauvais tour mais n’est pas très malin car il tombe dans le même piège mais cette fois pensé par la cigogne. La cigogne, elle, ne se fâche pas mais elle est rancunière. Elle prépare sa vengeance vis-à-vis du renard. Lorsqu’elle reçoit le renard a dîner elle savoure sa victoire avec un rire moqueur. On peut se demander si ce n’est pas elle qui a le plus mauvais esprit.

Pour PHEDRE, les qualificatifs du renard sont plus rares : il est seulement offensant de tromper la cigogne. La cigogne est traitée à juste titre d’ « oiseau voyageur ». Elle est patiente et attend son tour pour tendre le même piège au renard. Elle est assez maligne pour faire endurer au renard la même chose qu’il lui a faite. Ainsi elle le « torture ». PHEDRE accentue moins le caractère des personnages, ils sont moins poussés à l’extrême donc plus fades pour nous représenter.

-         au point de vue de l’histoire :

L’histoire est exactement la même dans les deux fables. Un renard invite chez lui à manger une cigogne et lui sert une bouillie dans une assiette à laquelle elle ne peut toucher vu son long bec. Pour lui rendre la pareille, elle le prie de venir à dîner et lui propose un hachis de viande dans une bouteille au col serré. Le renard est ainsi pris à son propre piège.

-         au point de vue de la morale :

Dans la fable d’ESOPE, la morale est dite à la fin du texte par la bouche de la cigogne. Elle explique en fait que lorsqu’on joue un mauvais tour, il faut s’attendre à ce qu’on soit à son tour piégé.

Chez PHEDRE, la morale (la même que celle d’ESOPE) est écrite à deux reprises : une fois en début de fable comme une sorte d’introduction et la seconde fois lorsque la cigogne prend la parole et termine le texte.

 

 

Du Renard et de la Cigogne.

Un Renard plein de finesse pria à souper une Cigogne à qui il servit de la bouillie sur une assiette. La Cigogne ne fit pas semblant de se fâcher du tour que lui jouait le Renard. Peu de temps après, elle le pria à dîner ; il y vint au jour marqué, ne se souvenant plus de sa supercherie, et ne se doutant point de la vengeance que méditait la Cigogne. Elle lui servit un hachis de viandes qu'elle renferma dans une bouteille. Le Renard n'y pouvait atteindre, et il avait la douleur de voir la Cigogne manger toute seule. Elle lui dit alors avec un rire moqueur : " Tu ne peux pas te plaindre de moi raisonnablement, puisque j'ai suivi ton exemple, et que je t'ai traité comme tu m'as traitée. "

ESOPE

26. LE RENARD ET LA CIGOGNE
Il ne faut nuire à personne; mais si quelqu'un vous offense, il faut lui rendre la pareille, comme nous y engage cette fable.
Un renard, dit-on, invita le premier une cigogne à dîner et lui servit sur un plat creux une bouillie claire à laquelle, malgré sa faim, elle ne put absolument pas goûter. La cigogne à son tour invita le renard et lui servit un hachis dans une bouteille. Elle y introduit son bec et se rassasie, tandis qu'elle fait subir à son convive la torture de la faim. Comme il léchait en vain le col de la bouteille, l'oiseau voyageur lui tint, dit-on, ce langage : « Il faut savoir souffrir avec patience ce dont on a donné soi-même l'exemple. »

PHEDRE