LA POESIE : LES VERS
1)
Qu’est-ce qu’un vers ?
Le mot vers vient du latin versus ; ce mot latin a désigné successivement : le fait de tourner la charrue au bout du sillon, puis le sillon (par métonymie), puis la ligne d’écriture (par métaphore) et spécialement le vers.
Un vers est donc le retour d’un nombre identique de syllabes : la fin d’un vers est repérable à l’oeil par le retour à la ligne, et à l’oreille par le retour des mêmes sons : les rimes.
Le vers français est un vers syllabique : la syllabe est l’unité de mesure qui permet d’évaluer la longueur du vers. Faire le décompte des syllabes, c’est identifier le type de vers, ou mètre, auquel on a affaire.
2)
Quels sont les différents types de vers (mètres) ?
Les plus fréquents sont les vers pairs :
- L’hexasyllabe : vers de 6 syllabes
- L’octosyllabe : vers de 8 syllabes
- Le décasyllabe : vers de 10 syllabes
- L’alexandrin : vers de 12 syllabes
L’alexandrin
est le vers le plus célèbre et constitue la référence de la versification
classique française.
Les
règles de versification classiques ont été formulées et fixées par Malherbe
au XVIIème siècle, à partir de traditions poétiques en usage depuis le
Moyen-Âge et la Renaissance.
Mais
à partir du XIXème siècle, certains poètes contestent ces règles classiques
qu’ils trouvent figées, et explorent les possibilités poétiques des
manquements à ces règles.
Verlaine
par exemple est connu pour avoir recherché les effets musicaux des vers
impairs, qui sont fondés sur l’irrégularité puisque ces vers ne peuvent être
coupés en deux unités égales.
Les principaux vers impairs sont les suivants :
- Le pentasyllabe : vers de 5 syllabes
- L’heptasyllabe : vers de 7 syllabes
- L’ennéasyllabe : vers de 9 syllabes
- L’hendécasyllabe : vers de 11 syllabes
3)
Comment identifier les différents types de vers (mètres) ?
Il suffit de compter les syllabes du vers...
... mais il faut pour cela connaître quelques règles :
1- Toutes les syllabes d’un mot comptent.
2- Le « e » :
Il se prononce devant une consonne ou un « h » aspiré.
Il s’élide devant une voyelle (il devient alors un « e » muet).
Il ne compte pas en fin de vers, qu’il se prononce (dans ce cas il s‘agit d’une apocope) ou pas (dans ce cas il s’agit d’un « e » muet).
Exemple 1
:
« Il/
s’é/cri/ait,/ pous/sant/ d’af/freux/ ru/gi/sse/ments :
1 2
3 4
5
6 7
8 9
10 11
12
Re/gar/dez,/
ma /ca/ver/n(e) est/ plei/ne /d’o/sse/ments ;
1
2 3
4 5
6
7
8 9
10 11
12
De/vant/
moi/ tout/ re/cu/l(e) et/ fré/mit,/ tout/ é/migr(e),
1
2 3
4 5
6 7
8 9
10 11
12
Tout/
trem/bl(e) ; ad/mi/rez/-moi,/ vo/yez,/ je/ suis/ un /tigr(e) ! »
(Hugo)
1
2
3
4 5
6 7
8 9
10 11
12
ð
« e » muets : caverne, recule, tremble
ð
apocopes : émigre, tigre
Exemple
2 :
«
Frè/re/, dit/ le/ re/nard,/ ce/ci/ nous/ jus/ti/fie
1 2
3 4
5 6
7 8
9 10
11 12
Ce/ que/ m'ont/ dit/ des/ gens/ d'es/prit :
1 2 3 4 5 6 7 8
1 2 3 4
5 6 7 8
9 10 11 12
Que/
de/ tout/ in/co/nnu /le /sa/ge/ se/ mé/fie."
1 2
3 4
5 6
7 8
9 10
11 12
=>
« e » muets : justifie, mâchoire, méfie
3- Selon les cas, deux voyelles qui se suivent peuvent se lire
- en un seul son : il s’agit alors d’une synérèse
Vio/lon
1 2
- en deux sons : il s’agit alors d’une diérèse
vi/o/lon
1
2 3
Exemple :
« Plus/
me/ plaît/ le /sé/jour/ qu’ont/ bâ/ti/ mes/ a/ïeux
1 2
3 4
5 6
7 8
9 10
11 12
Que/
des/ pa/lais/ ro/mains/ le/ front/ au/da/ci/eux »
(Du Bellay)
1
2 3
4 5
6 7
8 9
10 11 12
La diérèse est plus fréquente que la synérèse.
En général, les deux mettent en valeur un mot important dans le poème et qu’il sera intéressant de commenter. Dans ces vers par exemple, le mot mis en valeur par la diérèse est « audacieux » : elle souligne le sens du mot en l’allongeant, en le rendant plus présent dans la phrase, ce qui va avec l’affectation des palais ; elle souligne aussi la personnification de ces palais par l’expression front audacieux pour décrire leur façade ostentatoire et orgueilleuse.
***