La cantatrice chauve

 

                                      D’Eugène Ionesco

 

 

 

BIOGRAPHIE : La vie d’Eugène Ionesco.

 

Il est né le 26 novembre 1909 à Slatina en Roumanie.

Eugène Ionesco ne voulait pas donner d’informations biographiques à son sujet. Il avait toujours dit qu’il s’agissait d’informations personnelles qui n’intéressaient que lui.

Il meurt le 28 mars 1994 à Paris et est enterré au « Cimetière de Montparnasse ». Son dernier message sur la pierre tombale est :

« Prier le Je Ne Sais Qui – j’espère : Jésus-Christ ».

 

 

CITATION :

 

« Je pensais qu’il était bizarre de considérer qu’il est anormal de vivre ainsi continuellement à se demander ce que c’est que l’univers, ce qu’est ma condition, ce que je viens faire ici, s’il y a vraiment quelque chose à faire. », d’Eugène Ionesco.

 

LES GRANDS THEMES :

 

¤ La mort

Dans la scène I, Ionesco utilise l’humour noir en parlant de la mort de Bobby Watson. Dans cette scène, le dialogue entre M. et Mme Smith au sujet de la mort de Bobby Watson est incohérent et ne sert à rien pour la suite de l’histoire.

Parmi cette incohérence, le lecteur se sent perdu.

 

¤ Les retrouvailles

Dans la scène IV, un dialogue étrange se déroule entre les Martin. Alors qu’ils sont mariés, ils ne se reconnaissent pas. Il s’agit d’une longue conversation ponctuée par le leitmotiv « comme c’est curieux, comme c’est bizarre ! ». Ce leitmotiv a un effet humoristique. Cette scène IV ressemble à une parodie des romans d’amours.

 

¤ La banalité : un couple banal

Le nom de Smith est un nom très banal en Angleterre. Ils sont un petit couple bourgeois banal qui tient des propos banals.

Mme Smith parle beaucoup de choses sans importances pendant que son mari, sans l’écouter, lit son journal. Il y a donc un banal problème de communication dans le couple.

 

¤ L’absurde

La scène I s’ouvre sur des indications scéniques qui plantent le décor. Ces indications sur le décor sont à la fois précises et imprécises : Ionesco donne parfois des détails peu importants et laisse dans le flou certains autres qui pourraient l’être davantage. Il y a des détails que Ionesco impose et d’autres dont il se moque.

Dans ces indications sur le décor apparaît déjà l’humour de Ionesco à travers le comique de répétition : le mot « anglais » apparaît 16 fois. L’absurde est déjà présent avec la pendule qui sonne 17 coups.

 

Normalement, une scène d’exposition sert à présenter le sujet, l’action, et donc à donner un maximum de renseignements. Ici, c’est tout le contraire, on n’apprend rien et on parle pour ne rien dire.

® On comprend donc pourquoi Ionesco a indiqué sur la page de titre : « anti-pièce ». Il part dans la logique de l’absurde.

 

L’ensemble de la pièce est absurde :

* Les retrouvailles de M. et Mme Martin.

* Marie, la bonne, qui se prend pour Sherlock Holmès.

* Les anecdotes incohérentes des personnages.

* La règle fondée de Mme Smith au fait que lorsque l’on sonne à la porte, c’est qu’il n’y a personne. Cette règle est paradoxale.

 

Le titre est étrange, énigmatique. Une cantatrice est une chanteuse d’opéra ; or, la cantatrice est ici qualifiée par un adjectif qui évoque son manque de chevelure alors qu’on attendrait plutôt un adjectif qui évoque sa voix. Ce personnage n’apparaît pas dans la distribution des rôles alors qu’il devrait faire l’objet d’un premier rôle puisque c’est le titre. Ce titre révèle en partie l’absurdité de la pièce.

Ionesco va jusqu’au bout de l’absurde puisqu’il accélère le rythme en multipliant les lieux communs, les anecdotes, les jeux de mots et les non-sens. Il pousse l’absurde jusqu’à l’explosion du langage qu’il décompose en une suite de syllabes puis de lettres. La fin de la pièce met en scène l’histoire de la vie avec son perpétuel recommencement. Les Martin prennent la place des Smith et vice-versa. L’absurdité et la banalité de la vie continuent donc pour l’éternité.

 

EXTRAIT CHOISI : scène V (page 31-32)

 

1. Pourquoi est-ce la bonne qui nous apprend que M. et Mme Martin se sont

      trompés ?

2. Peut-on dire qu’il s’agisse d’un coup de théâtre ?

3. Quelle est sa théorie ?

4. Quel vocabulaire utilise-t-elle pour appuyer sa théorie ?

5. Selon elle, qu’apporte-t-elle à ce qu’elle dit ?

6. Qu’est-ce qui fait le comique de la scène ?

7. Pourquoi s’adresse-t-elle directement au public ?

 

COMPARAISON AVEC EN ATTENDANT GODOT , DE SAMUEL BECKETT.

 

L’œuvre de Ionesco et l’œuvre de S. Beckett font toutes deux partie du théâtre de l’absurde. En effet, dans l’œuvre de S. Beckett, comme dans l’œuvre de Ionesco, le nom de « Godot » qui apparaît dans le titre n’apparaît pas dans la distribution des rôles.

L’ensemble de la pièce se joue dans le même décor. La pièce se compose de deux actes et non de scènes. Les dialogues sont en quelque sorte incohérents, n’ont pas tellement d’importance. Il y a également un manque total d’action, ce qui provoque chez le lecteur un ennui total.