Nils est un jeune garçon coquin qui habite avec ses parents dans une ferme au sud de la Suède. Par une journée de Mars Nils rencontre un lutin ("tomte") et il fait une farce à ce lutin, qui s'énerve contre Nils. Le lutin transforme Nils en petit lutin. En tant que petit lutin Nils
s'entend bien avec les animaux de la ferme qui avant étaient ses ennemis.
J’ai choisi cet extrait. C’est au début du livre. C’est quand Nils déjà est transformé et quand les oies sauvages partent lors de leurs
migrations. Un jars domestique de la ferme de Nils et sa famille s’est décidé à partir aussi. Nils essaye de l’empêcher en s'agrippant à lui, mais le jars monte et c’est trop tard pour que Nils puisse descendre...

 

    C'était, comme nous l'avons dit, un jour merveilleusement beau, avec un air qui invitait au vol, si frais, si léger. À mesure que de nouvelles bandes passaient, les oies domestiques devenaient plus inquiètes. Elles battaient par moments des ailes comme décidées à suivre les oies sauvages. Mais chaque fois il se trouvait parmi elles quelque vieille commère qui disait : " Ne faites donc pas les folles. Celles-là auront à souffrir de la faim et du froid. "
    Or, il y avait un jeune jars à qui les appels des oies sauvages avaient donné grande envie de partir. " S'il vient encore une bande, je l'accompagnerai. ", dit-il.

   Une nouvelle bande arriva, appelant comme les précédentes. Alors le jars répondit : " Attendez ! Attendez ! Je viens ! "

   II déploya ses ailes et s'éleva dans l'air, mais il avait si peu l'habitude de voler qu'il retomba à terre.

   Les oies sauvages semblaient cependant avoir entendu son cri. Elles revinrent lentement en arrière pour voir s'il allait les rejoindre. " Attendez ! Attendez ! " criait-il, en faisant un nouvel effort.

   Le gamin entendait tout du mur où il s'était caché. " Quel dommage si le grand jars allait s'envoler ! Père et mère en auraient du chagrin s'il était parti lorsqu'ils reviendront du temple. "

   II en oublia une fois encore qu'il était petit et sans force. Il sauta au milieu des oies, et jeta ses bras autour du cou du jars. " Tu resteras ici, tu entends ", cria-t-il.
    Mais juste à ce moment, le jars avait compris ce qu'il fallait faire pour s'élever du sol. Il ne put s'arrêter pour secouer le gamin, et celui-ci fut emporté dans les airs.

   Il fut enlevé avec une rapidité qui lui donna le vertige. Avant d'avoir pensé à lâcher prise, il se trouva si haut qu'il se serait tué s'il était tombé à terre.

   Il n'avait plus qu'à essayer de se hisser sur le dos de l'oie. Il y parvint, mais avec beaucoup de peine. Il n'était pas facile non plus de se maintenir sur le dos lisse et glissant, entre les deux ailes battantes. Il dut plonger ses deux mains dans les plumes et le duvet pour ne pas être précipité.
    Un long moment, le gamin eut des vertiges qui l'empêchèrent de se rendre compte de rien. L'air sifflait et le fouettait, les ailes frappaient, les plumes vibraient avec un bruit de tempête. Treize oies volaient autour de lui. Toutes caquetaient et battaient des ailes. Les yeux éblouis, les oreilles assourdies, il ne savait si elles volaient haut ou bas ni quel était le but du voyage.
    Enfin il se ressaisit, et comprit qu'il devait tâcher de savoir où on le conduisait. Mais comment aurait-il eu le courage de regarder en bas ?

   Les oies sauvages ne volaient pas très haut, car leur nouveau compagnon de voyage n’aurait pu respirer un air trop léger. À cause de lui elles volaient aussi moins vite qu'à l'ordinaire.

 

 

Titre : Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède
L'auteur : Selma LAGERLÖF (Suèdoise)
Nom du traducteur :  T. Hammar
Edition : Le livre de poche.
Date de l'edition : Paris, 1963
Page citées : Page 25-27, Chapitre 1, "Les oies sauvages".