Le merveilleux voyage de nils holgersson à travers la suède

 

 

1°)Biographie de l’auteur

Selma LAGERLÖF est une romancière suédoise née à Marbacka en 1858 et décédée au même endroit en 1940. Elle connut une jeunesse un peu retirée et profondément marquée par les légendes de son Värmland natal. Après avoir terminé ses études à Stockholm, elle entame à Landskrona une carrière d’institutrice primaire assez tôt interrompue : très vite elle découvre que sa vocation sera de ressusciter l’art conteur immémorial du Nord sur un mode nouveau.            Si la prose lyrique de la Saga de Gösta Berling (envoyé en 1891 à la revue Idun pour un concours) témoigne d’une préoccupation esthétique (beauté et bonheur sont-ils possibles?), elle appelle aussi aux nécessités du travail, du devoir et de la responsabilité en exaltant le petit peuple et le caractère le plus pittoresque des traditions. Dès lors, en 1895, elle quitte l’enseignement  afin de se consacrer pleinement à l’écriture.                                                         Elle écrit divers volumes de contes où le fantastique affleure à tout moment sous la pesanteur du réel (les Liens Invisibles, 1894; les Miracles de l’Antéchrist, 1897) qui entendent bien lutter autant contre le matérialisme que contre le fanatisme. Avec  les deux volets de Jérusalem (1901-1902), épopée paysanne ou mysticisme, culte de la famille et sens du devoir se situent à la limite ténue entre réel et irréel. L’année suivante avec les Ecus de messire Arne qui pose le thème central de la faute et de la sanction, l’œuvre atteint sa maturité. Maturité manifestée avec éclat par l’ouvrage le plus populaire de toute le littérature suédoise : Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède (1906-1907).                                     Son inspiration s’oriente ensuite vers des préoccupations religieuses, mais non sans ambiguïté : le Charretier de la mort (1912) est une œuvre de recherches et d’inquiétudes, de doutes et de foi ; la confiance en la providence, la grâce et la réconciliation. Elle semble dictée par l’obsession de la souffrance humaine lorsqu’elle écrit l’Empereur du Portugal en 1914. Les ouvrages autobiographiques regroupés sous le titre de Marbacka (1922-1923) et la trilogie des Löwensköld  (1925-1928) dépeignent discrètement son idéal : le personnage de Charlotte Löwensköld  aimait autrui et la vie, pleine d’humeur et d’humour.                                            Lauréate du Prix Nobel de littérature en 1909, première femme à entrer à l’Académie suédoise en 1914, Selma Lagerlöf est devenue un des grands noms de la littérature suédoise

 

2°) Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède
     

Présentation

 

Selma Lagerlöf écrit ce livre en 1906  sur commande du ministère suédois de l’éducation nationale. Elle le conçoit comme un ouvrage chargé d’enseigner la géographie aux écoliers de son pays. Elle parcourt alors la Suède afin de l’étudier en détail, de découvrir sa toponymie, mais aussi de rassembler des anecdotes et des légendes locales et régionales. Cette leçon de géographie, cette description poétique du pays suédois contemporain, prend donc des allures de conte de fées, mi-légendaire, mi-réel, voire de conte philosophique, didactique.

Pour avoir voulu se jouer d’un tomte, Nils Holgersson, insupportable petit garçon, capricieux et paresseux, devient tout pareil à sa victime. Il se trouve alors emporté sur le dos de son jars blanc, tenté par l’appel des oiseaux migrateurs. C’est ainsi qu’il va vivre, au terme de ce voyage initiatique à travers la Suède, milles aventures au coté des oies sauvages et qu’il reviendra chez ses parents, transformé et respectueux d’autrui, après avoir recouvré sa taille normale.

 

Thèmes                                    

 

Selma Lagerlöf aborde dans ce livre de nombreux thèmes. Ce conte est  une leçon frappante pour les fils des hommes, l’apprentissage des valeurs de la vie, un jeu de l’oie aux dimensions presque réalistes. Nils y apprend avant toutes choses le respect de la vie sous toutes ses formes, que ce soit envers autrui ou bien à l’égard de la nature et redécouvre ainsi le monde qui l’entoure : « il vit plus de la Scanie en cette seule journée que pendant toutes les années qu’il avait vécues ». Il apprend ainsi à aimer (« chose étrange, de toute sa vie ce gamin n’avait jamais aimé personne ») les êtres qui l’entourent : les oies sauvages, son jars blanc, la cigogne et bon nombre d’autres animaux qu’il rencontre. Il découvre alors l’art de vivre en communauté et une des plus belles manifestations, symbole du pacifisme : l’assemblée des animaux à Kullaberg. Ainsi à plusieurs reprises, lors des assauts des rats gris ou encore lors des attaques de Smirre le renard par exemple, il comprend qu’on ne peut survivre seul et combien l’amitié, l’entraide et la solidarité demeurent nécessaires.

Mais il tirera encore bien d’autre enseignements de son épopée, comprenant au fil de ses mésaventures que les valeurs de la vie ne doivent pas être les valeurs matérielles telles que l’argent et le luxe qui sont des vices et entraînent trop souvent les hommes à leur propre perte comme les habitants de la cité de Vineta, de même que l’orgueil, le pouvoir ou la nostalgie de ce que l’on n’a pas qui rendent les hommes mauvais. Nils découvrira le bonheur qu’apporte le travail : «Le seigneur voulut l’homme travailleur et capable, content de peu afin qu’il pût tirer sa substance de son pauvre pays », la fierté que procure le courage et la bravoure (à travers des personnages comme le petit Mats, mort de maladie et d’épuisement) lorsqu’ils permettent de sauver des vies : « celui qui est brave est le meilleur des compagnons même s’il est ignorant au début ».

Nils prend conscience au cours de son voyage de bien des choses auxquelles il n’avait pas songé auparavant. Il  comprend enfin ce qu’est vraiment la liberté en vivant auprès des oies sauvages -lui qui ne connaissait que les animaux domestiqués de sa ferme- ou encore en aidant l’écureuil fait captif à recouvrer sa liberté. Il réalise ainsi qu’être libre, même dans la pauvreté, a plus de valeur que vivre dans une cage dorée. Intégrer la société animale lui offre un tout autre regard sur les comportements humains : il se rend compte, d’une part, des vices et de la cruauté humaine : « Nils n’en revenait pas! Il y avait des gens qui tiraient sur des êtres comme Akka et leurs compagnons ? Les hommes ne savent donc pas ce qu’il font ! » ; ainsi que de l’injustice des inégalités entre les classes sociales. D’autre part, il réalise que « les hommes sont vraiment étonnants, habiles et assez puissants pour lutter contre la maladie et la mort ». Ce dernier thème (celui de la mort) est peu mentionné mais bien présent tout au long du récit, notamment dans les dangers rencontrés aux cours de diverses rencontres ou mésaventures de Nils : lorsqu’il tue la couleuvre pour se défendre ou encore lorsque l’élan Poil-gris sacrifie noblement sa vie pour sauver celle des femelles qui l’accompagnent.

Pour conclure, je dirais que le voyage initiatique de Nils, petit par la taille mais aussi par son jeune âge, symbolise en quelque sorte l’enfance et l’adolescence, la découverte et l’apprentissage de la vie et à son issue Nils est un homme.

 

 

3°) Etude d’un extrait du roman

         Chapitre 35. Le Rêve : passage surligné

 Questions :

* Qui est en train de rêver ?

* Imaginer ce qui pousse Nils à marcher aussi vite

* Qui accompagne Nils (début 2ème paragraphe) ? Quel procédé l’auteur a-t-il utilisé ici ? Qu’apporte l’emploi de ce procédé et la description des autres « marcheurs » ?

* Quels sont les autres membres du cortège (fin 2ème paragraphe) ? Comment se comportent-ils ? Dans quel état d’esprit semblent-ils être ?

* Qui  a-t-il d’étrange et de contradictoire dans la description du cortège, plus exactement entre les différents groupes qui le composent ? Quelle vision des relations entre Homme, Nature et Animaux est exprimée inconsciemment dans ce rêve ?

* Quel est le procédé repris dans la description du soleil (3ème paragraphe) ? Que symbolise le soleil ? En déduire ce que représente le grand roi de l’engourdissement  et la marche du cortège.

* Pourquoi les marcheurs se font-ils de plus en plus hésitants et finissent par s’arrêter les uns après les autres ? Cette crainte est-elle  dépasse t-elle la dimension du rêve ?

* « Nils découvrit qu’on ne se trouvait plus au midi de la Suède… ». Quel chemin le cortège a-t-il déjà parcouru ? Où se dirige t-il ?                                               

* Ce voyage correspond à celui effectué par Nils avec les oies sauvages. En s’aidant de la question 6 expliquer à quoi correspond le voyage de Nils avec les oies. 

* Nils demande à ceux qui s’arrêtent pourquoi ils trahissent le soleil.  Pensez-vous que craindre la mort, c’est trahir la vie ?

* Les hommes sont certes les derniers à quitter le cortège mais ne vont pas jusqu’à destination. Quel caractère humain est dénoncé par là ?

* « C’étaient des fleuves et des ruisseaux qui s’échappaient en torrents ». On dit souvent que l’eau et le soleil sont indispensables à la survie des êtres vivants. Après avoir expliqué la phrase entre guillemets, relever ce qui le montre dans cet extrait.

* Deux « visages » de la mort sont donnés (fin du texte). Les expliquer en déterminant le rôle du soleil dans ces différentes visions.

* Quel désir Humain est représenté par ce rêve ? Quelle morale doit-on tirer de ce rêve ?

* Comment peut-on qualifier le style et l’écriture de l’auteur dans cet extrait ?

 

J’ai choisi ce passage car il me semble représentatif de l’ensemble du roman, de par l’écriture poétique mais aussi par la morale qu’il offre.

 

4°) Comparaison avec le roman Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry (1943)                                   

            J’ai choisi de comparer Le merveilleux voyage de Nils H. avec Le Petit Prince pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que ces deux romans sont des références littéraires, qu’ils ont connu un succès international et ont tous deux reçu le Prix Nobel de littérature chacun dans leur pays d’origine.

Ensuite parce que ces deux romans sont des contes considérés comme faisant partie de la littérature pour enfants et qu’ils présentent plusieurs similitudes : ils mettent en scène des personnages enfants, certes avec des caractères très différents mais qui vont tous deux effectuer un grand voyage et profiter pour leur départ d’une migration d’oiseaux sauvages. Ce voyage est dans les deux cas très instructif et apprend beaucoup aux héros sur eux-mêmes, sur la vie et sur le monde qui les entoure. On trouve ainsi des thèmes communs aux deux histoires, à savoir ceux de l’amour (amour du Petit Prince pour la rose), de l’amitié (entre l’aviateur et le Petit Prince ou avec le renard), la notion de liberté (pas de corde pour attacher le mouton), le respect de la vie et de ses valeurs essentielles et d’autre part le dénonciation des valeurs matérielles telles que l’argent, le pouvoir, l’orgueil (avec respectivement les personnages du businessman, du roi et du vaniteux).                                                     Ils ont également en commun, comme la plupart des livres pour enfants de mettre en scène des animaux (oiseaux, mouton, renard, serpent) qui symbolisent les comportements et les valeurs humaines.

La dernière raison, est plus personnelle. J’ai été  particulièrement sensible à l’écriture poétique et aux symboles présents dans ces deux romans. Ces lectures m’ont permis de réfléchir, tout comme les protagonistes, aux valeurs et aux thèmes abordés. Et enfin j’ai choisi ces deux livres car je pense qu’ils s’adressent plus largement aux lecteurs adultes, leur rappelant ce qui est essentiel dans la vie, par là qu’être adulte ne signifie pas être grand mais vivre la vie dans le respect de certaines valeurs (Le merveilleux voyage) et les  incitant à regarder plus souvent les étoiles, c’est à dire à appréhender la  vie comme le Petit Prince.