Le Chat noir et autres nouvelles , Edgar Allan Poe

 

 

BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR :

 

-Naissance à Boston le 19 janvier 1809, fils de deux acteurs ambulants. Son père, alcoolique, meurt assez vite de la tuberculose. Sa mère meurt peu d’années après, alors que le jeune Edgar n’a pas encore trois ans, emportée par une tuberculose pulmonaire, à l’âge de 24 ans.

 

-L’enfant est recueilli par les Allan, riches négociants. Plus tard, il devient l’exemple de l’élève brillant, choyé, avec une facilité pour les langues (français, latin, grec). Mais avec un certain orgueil, il refuse d’entrer dans le négoce paternel et devient acteur à Boston puis soldat en 1927.

 

-Il écrit son premier conte, Metzengerstein, dans lequel on peut constater qu’il sait transférer la terreur du monde des fantômes à celui des consciences. Mrs Allan, très aimée du jeune homme, meurt en février 1929 et en avril se termine son temps d’engagement. Il est admis à West Point en 1830. Mais un an plus tard, il en est expulsé pour « graves négligences » et « indiscipline ». Il se met alors à boire.

 

-Edgar se marie avec sa cousine, Virginia, grâce à un ami qui jure qu’elle a 21 ans alors qu’elle n’en a que 14. Il fait paraître ses contes et ses poèmes, dont certaines histoires qu’il fait passer pour des faits authentiques. Les soins qu’il donne à ses écrits, écrits à la première personne, les nombreux détails anodins et les dates précises donnent au lecteur le sentiment que les faits ont été réellement vécus par l’auteur.

 

-En 1841, il entre dans le comité de rédaction de Graham’s magazine auquel il donne une impulsion nouvelle qui fait passer la revue de 5500 à 25000 abonnés. En 1942, arrivent les premiers signes de la tuberculose pulmonaire de son épouse tandis qu’il continue d’écrire et de s’enivrer dans les tavernes.

 

-Dès l’année suivante, il écrit Le Corbeau qui paraît dans plusieurs journaux à la fois, établissant sa réputation dans son propre pays et même en Angleterre. Virginia meurt en 1847.

Les contes qu’il écrit sont plus sombres que jamais.

 

-Sa santé se détériore, il boit de plus en plus, se drogue, a des crises de désespoir. On le trouve inanimé dans une rue, le 3 octobre 1849. Il meurt le 7 octobre sans avoir repris connaissance.   

 

 

 

 

 

 

 

Les thèmes de l’œuvre

Je justifierai les thèmes trouvés dans chaque nouvelle par un champ lexical.

 

Le chat noir    

-         L’horreur : « terrifié », « terrible », «damnable                                                                           atrocité », « effrayant »,

« cadavre », « infâme », « dégoût », « odieuse », « affreuses », « morte », 

« hideuse », « monstre »…

-         La croyance (ou religion) : « fantôme », « sacrifice », « superstition »,

« sorcières », « démon », « confesser », « hyperdiabolique », « damnable »,

« péché », « immortelle », « Dieu », « enfer »…

-         Le meurtre : « torturé », « brutal », « malmener », « blessure », « canif »,

« crime », « souffrir », « infliger », « action cruelle », « colère », « destruction », « victime », « haine », « battre », « rage », « hurlement »,

« torture », « bourreau »…

-         Le surnaturel (ou l’étrange) : « élucider », « créature », « âme immortelle », 

« apparition », « imaginaires » , « marque indéfinie », « lugubre », « intraduisible »,

« anormal » , « antihumain »…

-         La démence : « fou », « irritable », « perversité », « primitives impulsions »,

« l’amour du mal », « cruauté », « angoisse »…

Hop-frog

-         L’humour : « farces », « bouffon », « plaisanteries », « mots subtils », « récréation »,

« mascarade », « rire », « s’amuser »…

-         Le pouvoir : « roi », « patron », « puissances », « posséder », « ordre », « tyran »…

-         La laideur : « bariolés », « boiteux », « proéminence », « bouffissure », « distorsion »,

« imperfection »…

-         Le meurtre : « rage folle », « incendiaire », « cris », « atrocité », « vengeance »,

      « cadavre »…

L’ange du bizarre

      -L’horreur : « monstre », « grimaçant », « hideuse »…

      -L’alcool : « bouteilles de vins », « liqueurs spiritueuses », « très-ivre », « baril »…

      -L’étrange : « cause singulière », « improbables », « accidents bizarres », « intrus »…

      -La violence : « menace », « coup », « étourdi », « courage », « démolir », « traitement »,

      « soumission », « douleur »…

La barrique d’Amontillado

     -L’alcool : « vins », « crus », « bu », « xérès », « cave »…

      -La violence : « venger », « menace », « punir », « injure », « châtiment », « immolation »

      -Le ridicule : « larmes de l’ivresse », « grotesque », « stupidement ébahi »…

      -Les ténèbres : « crypte profonde », « impureté », « débris humains », « catacombes » …

      -L’agonie : « cri sourd », « gémissement », « figure enchaînée », « hurlements »…

Petite discussion avec une momie

      -La mort : « tombe », « défunts », « entrailles », « mortifié »…

      -La peur : « cri », « terreur », « évanouissement unanime », « effroi »…

      -La violence : « force inconcevable », « ruade », « projectile », « débris mutilés »…

 

 

 

 

QUESTIONS :

 

Extrait de « l’ange du bizarre », Le Chat noir et autres nouvelles, Edgar Allan Poe

 

-   Comment pourrait-on définir le narrateur ? (aspect psychologique et moral)

 -   Pourquoi une partie de la phrase    est-elle écrite en italiques ?

-   Dans quel but le langage du monstre est-il si étrange ?

-   Que représente le monstre ?

-   Quel est son rôle dans l’histoire ?

-   Que veut dire « falstaffienne » ?

-   Quels champs lexicaux sont présents dans ce texte ? Pourquoi ?

 

 

 

 

 

 

 

Comparaison de deux extraits :    

 

 

- Extrait de « l’ange du bizarre »,Le Chat noir et autres nouvelles, Edgar Poe

- Extrait des Paradis artificiels (chapitre 1), Charles Baudelaire

 

 

 

L’œuvre d’Edgar Poe a été traduite de l’américain par Charles Baudelaire, c’est pourquoi j’ai choisi d’en comparer un extrait avec un texte de cet écrivain. Cela me semblait intéressant pour en rapprocher la forme.

De plus, ils traitent tous deux, sous un angle différent, de l’état d’ivresse. Le texte de l’écrivain américain met en scène un personnage alcoolique, qui tient la place de narrateur. Cela nous permet d’avoir un regard subjectif sur sa « folie », puisqu’il décrit une hallucination dont il est victime sous l’effet de l’alcool. En revanche, le texte de Baudelaire traite de façon objective de l’état d’ivresse. L’auteur analyse les raisons de cet état et le définti, d’abord sous sa forme agréable, puis sous sa forme la plus malsaine.

 

 

 

       En ce qui concerne la forme de ces deux extraits, nous pouvons distinguer certaines similitudes.

Tout d’abord, ils contiennent tous deux un même champ lexical, celui de l’ivresse.

Plusieurs mot se rapportant à l’alcool sont présent dans  L’ange du bizarre  : « liqueurs spiritueuses » ; « très-ivre » ; « baril » ; « pièce de rhum » ; « goulots » ; « ivrogne » …

Dans l’extrait des Paradis artificiels, figurent des mots évoquant l’ivresse en général :

« abus » ; « orgies » ; « apparitions » ; « les plus grossières liqueurs » ; « dépravation » ; « excès » ; « opium » ; « ivrognerie » …Nous pouvons aussi distinguer le champ lexical de la terreur, commun à ses deux extraits. Il est aussi marqué chez Poe (« carcasse » ; « monstre » ;  « horrible objet »…) que chez Baudelaire (« fantômes » ; « hantise » ; « horreur » ; 

 « jouissances morbides »…).

       La présence de nombreuses comparaisons donne un autre point commun à ces textes.

Dans l’extrait de l’écrivain américain, nous pouvons relever une comparaison : « …ce trou… grimaçant et ridé comme la bouche d’une vieille fille… », ainsi que dans celui de l’écrivain français : « …considérer cette condition anormale de l’esprit…comme un miroir magique… »

      Nous pouvons encore rapprocher ces textes par la présence de périphrases (avec de nombreuses virgules et points-virgule), contenant jusqu’à soixante-quatre mots. Ce genre d’écriture, que l’on trouve dans l’extrait d’Edgar Poe, est propre au style de Baudelaire.

      

       Baudelaire explique, dans son texte, ce qui peut entraîner la « dépravation » chez l’homme par, entre autres, l’alcool.                                                                                                      Selon lui, cette sorte d’autodestruction est due au désir de l’être humain de se sentir « plus artiste », « plus noble ». Il définit l’ivresse comme une sorte de « santé morale » qui, malheureusement, serait le résultat « d’orgies de l’imagination » et « d’abus sophistiques de la raison ». Nous pouvons ici nous servir du texte de Poe comme exemple de ces affirmations. En effet, le personnage alcoolique met en scène par l’auteur décrit précisément ce genre de situation : « j’était seul…avec quelques bouteilles de vins… », « Dans la matinée, j’avais lu  le Léonidas…, l’Epigoniade …,le Pèlerinage… », abusant de ses facultés mentales et psychologiques. Baudelaire définit cet état comme « charmant », comme « moyen de fuir », à condition que celui qui cherche se plaisir « ne se trompe pas de route ».

     C’est justement l’erreur que commet le narrateur dans L’ange du bizarre car, comme le dit Baudelaire, « les vices de l’homme » sont « pleins d’horreur ». De son imagination émane un monstre, « une apparition » symbolisant l’ivrognerie sous sa forme la plus laide , « la plus répugnante des faubourgs » ;  qui, selon la vision objective de Baudelaire est « un miroir…où l’homme est invité à se voir…tel qu’il pourrait être », et qui lui rappelle « le souvenir des réalités invisibles ».

       Dans cet extrait choisi d’Edgar Poe, l’hallucination de l’homme ivre symbolise aussi « l’Esprit du mal », dont parle Baudelaire. L’homme, qui n’a pas su prendre le bon  chemin, se voit confronté « à plus fin et plus fort que lui » et infligé un « châtiment » , comme pour punir un « excès coupable » : « l’ange (…) répondit à mon attaque par deux ou trois vigoureux coups (…) sur le front.» Baudelaire parle également de l’aspect pitoyable qu’un homme saoul peut atteindre, prenant l’image de quelqu’un qui « se roule ridiculement dans les ordures ».

Cette impression de dignité perdue est également exprimée, mais d’une manière subjective, dans le texte de Poe : « Ce traitement me réduisit (…) à la soumission (…). Je suis presque honteux d’avouer que, soit douleur, soit humiliation, il me vint quelques larmes dans les yeux. »

        Ces éléments de comparaison peuvent nous amener à une hypothèse. Peut-être que Baudelaire s’est-il figuré, en écrivant cet extrait des Paradis artificiels, le personnage de L’ange du bizarre, pris dans « l’ivresse solitaire et concentrée du littérateur ».

             

 

QUERON LISA 601