Poète chinois d'inspiration taoïste, le plus grand poète de la Chine classique, sous la dynastie T'ang.
Né dans ce qui est devenu la province de Sichuan (Szechwan). Issu d'une famille de la petite noblesse, Li Po reçut tout d'abord une éducation traditionnelle, puis une formation taoïste auprès d'un ermite. À l'âge de vingt-cinq ans, il commença une vie de bohême, et se mit à voyager. En 726, il tenta une première fois de se ranger en se mariant, et demeura avec la famille de sa femme près de Hankou (faisant maintenant partie du Wuhan), mais reprit bientôt sa vie errante. Puis, en 742, il s'établit à Changan (l'actuelle Xi'an), et fut attaché à l'Académie impériale, mais des intrigues l'obligèrent à quitter cette fonction ; ce fut alors une nouvelle période de vagabondage et d'insouciance. Il étudia le taoïsme et écrivit des poèmes, jouissant de la nature et des plaisirs du vin fourni gratuitement sur ordre de l'empereur. En 755, la rébellion d'An Lushan provoqua une guerre civile qui eut des répercussions sur Li Po : ayant rallié - de gré ou de force, on ne le sait pas - le camp du vaincu, il fut arrêté et condamné à l'exil. Il vécut ses dernières années en voyageant le long du Chang (Yangtze). Amnistié, il mourut en 762 sur le chemin du retour, dans la province du Anhui (Anhwei). La légende veut qu'il soit mort noyé. En effet, alors qu'il était en bateau et dans un état d'ébriété avancé, il serait tombé à l'eau en tentant d'enlacer le reflet de la lune. On pense plutôt qu'il est mort d'une cirrhose du foie ou d'un empoisonnement au mercure, élément entrant fréquemment dans la composition des élixirs de longévité taoïstes.
Des nombreux écrits de Li Po, il reste environ 1,100 poèmes rassemblés. Il est mieux connu pour ses poèmes décrivant des voyages dans des contrées imaginaires, évoquant des images taoïstes exotiques et d'intenses émotions. Ils sont remarquables tant par leur qualité musicale que par la richesse et la précision des images. La tristesse que connaissent ceux qui sont séparés par les exigences du devoir, la passion de l'indépendance, le soulagement que procure le vin, l'appréciation taoïste de l'imposante tranquillité des montagnes et des rivières, ainsi que le sens des mystères de la vie constituent les principaux thèmes de sa poésie. Il utilise l'hyperbole et le jeu, souvent dans le but d'oublier la réalité plutôt que de s'y confronter. Il préfère les vieilles formes poétiques telles que les chansons et ballades.
Tiré de : « Li Po », Encyclopédie Microsoft® Encarta® 2000. © 1993-1999 Microsoft Corporation.
Texte 2
Les poèmes proposés dans ce Carnet du calligraphe présentent la part essentielle d’un héritage écrit que je connais par cœur. Extraits de mon ouvrage Entre source et nuage, ils illustrent une tradition poétique dont la richesse est inépuisable. Cette tradition, qui date de la dynastie des Tang (618-907), correspond à l’âge d’or de la poésie classique chinoise. Les poètes ont su alors continuer, en la magnifiant, une culture littéraire dont l’origine remonte à presque mille ans avant notre ère. Durant quatre siècles, grâce à un concours de circonstances favorable sur tous les plans – politique, économique, culturel -, ils ont porté la création poétique, comme pour remplir une mission sacrée, à un degré d’intensité et d’accomplissement jamais atteint depuis. Au point que la poésie, en liaison avec la calligraphie et la peinture – appelées en Chine la Triple Excellence – est devenue l’expression de la plus haute spiritualité. On sait que cette spiritualité s’est nourrie de trois courants de pensée : le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme. A la fois opposées et complémentaires, s’interpénétrant sans cesse, ces trois religions contribuèrent à féconder la pensée chinoise en la dotant d’un regard multiple et en l’empêchant de demeurer univoque et figée. A sa manière, la poésie participe de ce mouvement d’une pensée en continuelle transformation interne.
A l’époque des Tang où la Chine – après l’effondrement des premiers empires Qin et Han et la longue période de désordre et de division dus aux invasions barbares – retrouve son unité, les trois courants de pensée, reconnus à présent comme base idéologique de la société, imprègnent les créations artistiques. Dans le domaine poétique, trois figures représentatives se détachent : Li Po, de tendance taoïste, épris de liberté, chante la communion totale avec la nature et les êtres ; Du Fu, essentiellement confucéen, exprime avant tout le destin douloureux de l’homme, mais également sa grandeur ; Wang Wei, l’adepte vers la fin de sa vie du bouddhisme chan , fixe ses expériences méditatives dans des vers d’une parfaite simplicité.